Calendrier poétique
Voici quelques poèmes pour composer mois par mois
une année qui s'enchante de peu.
Douze de ces textes ont été écrits en 1997 pour le calendrierde 1998
Les autres sont récents.
JANVIER
Les jours vont de l'avant
En grignotant les nuits
Minute après minute
Il faut laisser le temps
Aux mâchoires de la bise
De faire craquer le gel
Sous la terre glacée
C'est déjà le matin
Au cœur des primevères
30 10 97
JANVIER
L’année commence mal
Elle a cousu aux nuits
Des robes bien trop longues
Et jette du verglas
Sous les pas du matin
La bourse de Paris
A des quintes de toux
A voir leur teint blafard
La lune et le soleil
Doivent couver la grippe
Il neige de la boue
Les lointains sont crottés
Les pages restent blanches
Les doigts sur le piano
Ne savent plus chanter
Au cœur des cheminées
Les flammes aux jambes lourdes
Ont fini de danser
La saint Jean est trop loin
Pour être envisagée
02 01 16
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FEVRIER
Le vent du nord, ce vagabond
N'emporte qu'un baluchon
Pour y serrer de longs frissons
Des mouchoirs et de vieux couteaux
Son peigne a perdu bien des dents
Il se rase de loin en loin
Fait toilette dans les rigoles
Et se parfume au tabac froid
Mais à qui sait l'écouter
Il confie en étranglant sa voix
Qu'au pays d'Andersen
Il chante pour les sirènes
31 10 97
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Février
Mais qui a eu cette idée là
De rajouter tous les quatre ans
Une journée au long hiver ?
Trente et un jours au mois de juin
Voilà qui eut mieux convenu !
09 01 16
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MARS
Les vents se déchirent encore
En peignant les arbres nus
Mais s'il fallait une à une
Effeuiller les pâquerettes
On en aurait des je t'aime
A cueillir du bout des doigts !
9 11 97
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MARS
Les jours ont le teint gris
Mais les fleurs au jardin
N’ont pas peur de la pluie
Leurs larmes de couleur
Réveillant les abeilles
Leur font croire au soleil
Ainsi vont les saisons
C’est écrit de toujours
Le printemps reviendra
24 02 16
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AVRIL
Ne te découvre pas
Même d'un fil de lune
Le ciel est souvent gris
Et Pâques se fait pluie
Ne te découvre pas
Même d'un simple mot
Des refains de chansons
sont encore à trouver
Ne te découvre pas
Même d'un seul clin d'oeil
On lirait dans ton coeur
En regardant tes yeux.
19 11 97
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MAI
On fête dans les ports
Les oiseaux du grand large
L'avenir insurgé
Cueille à fleur de pavé
La rose et le muguet
Demain sera bouquet
Le beau temps naît ce soir
Les vents vont s'embrasser
14 12 97
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JUIN
Dans les prés de la nuit
Le chiendent des néons
Croit brouter les étoiles ;
D'arrogants réverbères
Eteignent le clair de lune
Et le fil des guirlandes
Etrangle la Grande Ourse,
Mais naissent les feux de joie
Et le moindre vers luisant
Saura faire chavirer
Le coeur des étincelles.
16 11 97
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JUILLET
La peau des champs est nue
On vient de la raser
De tout le pain à moudre
A même la terre brûlée
Les lézards se déhanchent
En se frottant le ventre
Rien ne peut les vêtir
Car la faux en passant
A couché les bleuets
03 12 97
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AOUT
Balançant sur son ventre
Sa boîte à pellicules
La ville à pas sans hâte
Arpente le soleil
Aux terrasses des cafés
Elle sirote sa sueur
En regardant flâner
Les gens venus d'ailleurs
Puis quand vient la nuit
Elle s'étire en baillant
Et écoute sans fin
S'écorcher les violons
8 12 97
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SEPTEMBRE
L'été s'est attendri
En mûrissant les vins
Et il avoue ses brumes
En rêvant les lointains
Il s'étonne des matins
Chaque jour écourtés
Et guette dans les feuillages
Ses premiers cheveux roux
Mais il croque à belles dents
Les pommes à fesses rondes
L'œil encore allumé
De saine paillardise
06 12 97
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OCTOBRE
Les feuilles sous les pas
Racontent en chuchotant
Tout ce qu'elles ont bercé
De nichées et de rêves
Elles ont cru tout l'été
Etre soeurs des oiseaux
Et l'automne venu
Ont pensé s'envoler
Elles n'ont fait que chuter
Laissant aux hirondelles
La joie des tire d'ailes
Et des ciels enlacés
31 12 97
NOVEMBRE
Derrière la vitre bleue, le jour hésite encore
Sous le dôme d'un ciel aux clartés électriques.
Dans le filet des rues, les toits en s'étirant
Réveillent des luisances comme autant de frissons.
Le premier autobus ronchonne de sommeil
et fait crisser ses pneus sur le pavé qui crisse ;
La porte d'un fournil, que claque un courant d'air,
A laissé s'échapper un flonflon de radio.
Des couples dans les lits se cherchent de la main
Pour se blottir encore près d'un peu de chaleur.
Ceux qui ont veillé seuls, sans éteindre la lampe,
Sentent soudain le froid qui monte des planchers.
13 11 97
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DECEMBRE
Dépose sous le sapin
Tes sabots de Noël
Pendant la nuit, sans bruit
Leur pousseront des ailes
L'un deviendra drakkar
Et l'autre caravelle
Vaisseaux de haute mer
Pour écumer le ciel
26 11 97